Hétérophonies/68
du 8 au 13 mai 2018
au théâtre La Commune (Aubervilliers)
Facebook : https://www.facebook.com/groups/1564159357244203
http://lacommune-aubervilliers.fr/heterophonies-68
(pdf)
Bulletin
n°1 – Novembre 2017
Bulletin n°2 – Décembre 2017
Bulletin n°3 – Janvier 2018
Bulletin n°4 – Février 2018
Bulletin n°5 – Mars 2018
Bulletin n°6 – Avril 2018
Bulletin n°7 – Mai 2018
Propositions & Appels
Projet Hétérophonies/68
Mai 68 ? Cinquante ans plus tard, aujourd’hui donc, Mai 68 reste un champ de bataille : pour les uns, aurore d’une modernisation libérale ; pour les autres, crépuscule des utopies égalitaristes ; pour nous, brèche politique entreprenant d’inventer en France, en une enthousiasmante fraternité des facultés et des usines se déversant dans des rues communes, un pays à échelle d’un monde révolutionné.
Comme toujours, là où il s’est agi de nouvelles possibilités plutôt que d’effectuations, victoire ou échec de la tentative passée reste affaire des vivants : de ceux qui, au présent, peuvent relancer, dédaigner ou refouler l’idée venue de loin.
Hétérophonies/68 ? L’initiative ainsi dénommée veut remettre sur le métier de notre temps trois déterminations venues de 68 : la conviction révolutionnaire que le monde peut radicalement et globalement changer de base, la confiance éprouvée en cette “démocratie de masse” qui approprie à tous des questions que l’État et ses Partis ne posent jamais, et la fraternisation désintéressée entre ceux que l’apartheid social ségrégue pour mieux les opposer.
Notre méthode ? Monter un dispositif formel restreint, métonymie du tourbillon vocal qui a fait jadis irruption.
D’un côté – du mardi 8 au vendredi 11 mai 2018 - quelques voix en différents arts (musique, cinéma, théâtre, poésie, architecture, arts plastiques) prêtes à coopérer, rivaliser ou simplement se juxtaposer (nous appelons “hétérophonie” cet entrelacs disparate) dans leurs propres inventions et leurs formalisations autonomes : comment continuer les différentes modernités créatrices face au nihilisme contemporain ?
D’un autre côté – samedi 12 mai 2018 - quelques voix s’attachant à réactiver le désir émancipateur de révolution politique en reprenant les questions (en particulier de formalisations organisationnelles) là où “les années rouges” d’Europe, d’Asie et d’Amériques nous les ont léguées.
Des deux côtés – dimanche 13 mai 2018 - une fraternisation des inventions formalisatrices mêlant lucidement (hétérophonie oblige !) heureuses convergences, saines rivalités et paisibles indifférences.
Notre enjeu ? Transmettre des questionnements, recherches et projets mais surtout deux affects : l’enthousiasme pour le travail en commun, et la confiance persévérante en la création d’idées émancipatrices.
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Hétérophonie
Qui dit hétérophonie dit problématique commune et questions en partage, autorisant des réponses diversifiées (coopérant, rivalisant ou coexistant côte-à-côte).
Ainsi les contradictions internes à une hétérophonie donnée sont-elles non-antagoniques s’il est vrai que tout antagonisme porte sur les problématiques et les critères d’existence ; les subjectivités antagoniques, qui n’ont rien en partage, pas même un questionnement, se caractérisent donc de n’être pas commensurables.
S’il s’agit bien pour nous de traiter hétérophoniquement de l’hétérophonie (réduplication oblige), l’enjeu est alors de s’unifier sur des préoccupations communes susceptibles de constituer l’espace collectif de travail où nos différentes pensées et pratiques pourront se rapporter les unes aux autres.
À la lumière de l’axiome d’Archimède circonscrivant l’arithmétique aux grandeurs ayant même « raison », on dira qu’un collectif hétérophonique, composé de voix choisissant de se mesurer aux mêmes critères, soutenant donc le parti pris d’une commensurabilité, est archimédien.
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Pour composer la trame de notre orientation commune, nous avançons six thèmes. En voici la liste que chaque bulletin détaillera, un par un, en commençant dès aujourd’hui par le premier d’entre eux.
Dans ce qui suit, « 68 » s’entendra comme un nom propre, aux deux sens corrélés :
- sens restreint de mai-juin 68 en France ;
- sens large de décennie rouge 1966-1975 à échelle du monde entier (Chine, Europe, Amériques…).
1.
Reprise : qu’y a-t-il
à « reprendre » de « 68 »
(si, comme Kierkegaard nous le montre, reprendre
n’est pas répéter mais recommencer du point d’un présent décidé) ? [voir plus loin]
2.
Singularité : en quoi « 68 » constitue-t-il une singularité
(si, comme la mathématique nous le démontre, singularité désigne un point d’indécidabilité locale entre des
orientations globalement contradictoires) ?
3.
Moderne/Contemporain : « 68 » a-t-il été un moment de
basculement idéologique des différentes modernités vers un
« contemporanéisme » d’inspiration nihiliste, en particulier d’une
pluralité de modernités artistiques vers l’unicité plastique d’un « art contemporain » ?
4.
Révolutions : « 68 » n’aurait-il pas ouvert la problématique de révolutions de
type nouveau (révolutions par adjonction-extension et non plus seulement par
destruction-reconstruction et/ou abandon-déplacement) ?
5.
Hétérophonie : comment « 68 » nous suggère-t-il de nouveaux
types de collectifs, mettant en jeu de nouvelles modalités d’unification et
donc d’organisation, susceptibles de formaliser à nouveaux frais la figure des
peuples : en soutenant que « les peuples veulent la
révolution », « 68 »
ne nous suggère-t-il pas en effet qu’à révolutions de type nouveau, nouveaux
types de collectifs populaires ?
6.
Formalisation : s’il y a sens à
réexaminer les « formes-68 »
(idéologiques, organisationnelles, culturelles…), c’est alors en dégageant ce
qu’elles tentaient de formaliser (c’est-à-dire d’organiser en systèmes symboliques
ad hoc), sous l’hypothèse générale
que formaliser, c’est penser, et, réciproquement, que penser implique de
formaliser.
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